María Corina Machado (Nobel de la paix) salue le "courage" et la "clarté morale" d'Israël face aux "forces totalitaires"
Par Yoann, le 18 octobre 2025
Le 17 octobre 2025, une conversation téléphonique a lieu entre la lauréate du Prix Nobel de la Paix, María Corina Machado, et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Loin des vœux protocolaires, cet échange a révélé une convergence politique assumée, suscitant la polémique au moment même où les bombardements israéliens se poursuivaient à Gaza.
À l'initiative de Machado, l'entretien aurait permis à l'opposante vénézuélienne de remercier le dirigeant pour ses félicitations. Sur son compte X, elle a décrit une discussion "chaleureuse", saluant le "courage" et la "clarté morale" d'Israël face aux "forces totalitaires". Son communiqué, d'une partialité frappante, établissait un parallèle direct entre le gouvernement Maduro, soutenu par l'Iran, et les groupes Hamas et Hezbollah, inscrivant son combat dans une croisade occidentale contre un "axe autoritaire".
Le bureau de Netanyahu a confirmé que Machado a exprimé son soutien à l'État hébreu et "apprécié les réalisations d'Israël dans la guerre" - une formulation euphémique pour désigner une campagne militaire vivement critiquée par la Cour internationale de Justice. Elle a également salué l'accord sur la libération d'otages à Gaza, cautionnant ainsi une opération dont les conditions restent opaques. Ce soutien n'est pas une surprise : l'alliance stratégique entre l'opposition vénézuélienne la plus radicale et les gouvernements israéliens successifs est ancienne, Netanyahu ayant été l'un des premiers à reconnaître l'éphémère présidence de Juan Guaidó.
Les réactions à cet épisode furent immédiates et sévères. Si certains cercles atlantistes y ont vu un alignement vertueux, la condamnation fut cinglante dans les rangs progressistes et anti-impérialistes. L'eurodéputé Manu Pineda a fustigé sur X cet "échange de compliments entre une Prix Nobel et un génocidaire", ajoutant que l'image se passait de commentaires. D'autres voix ont dénoncé une "honte planétaire", pointant le cynisme d'une récompense pour la paix décernée à une personnalité qui légitime une guerre.
Au-delà de l'indignation morale, cette collusion interroge la fonction géopolitique du Nobel. En couronnant une figure ouvertement alignée sur l'administration Trump et désormais sur le gouvernement Netanyahu, le comité d'Oslo semble valider une narration manichéenne. Cette récompense, dans le contexte d'un retour de Trump à la Maison Blanche et de ses promesses belliqueuses contre le Venezuela, pourrait servir à justifier une escalade en Amérique du sud. Elle offre une caution morale à une politique de pressions accrues, voire à une ingérence décomplexée, visant in fine les immenses réserves pétrolières du pays sud-américain.